Le Château-Musée de Cagnes, représenté par son directeur Emeric Pinkowicz, conservateur des musées de la ville de Cagnes, a préempté chez Biarritz-Enchères, le samedi 9 août, Élisabeth Maréchaux, expert de la vente, pour notre plus grand plaisir, ce tableau de Foujita représentant un chat noir et blanc endormi dans l’angle d’une pièce pavée de tomettes provençales, décorée selon la tradition locale d’une bande de couleur rose faisant office de plinthes.
Le cadre du séjour historique que Foujita fit avec sa femme Fernande dans les hauts de Cagnes, loin de la guerre qui sévissait à l’Est de la France et dans Paris même au printemps 1918, est ici campé.
Difficile de dire si le chat représenté ici dort dans la maison même que Léoplod Zborowski, poète mais surtout marchand de tableaux, a loué à Cagnes pour y loger avec son équipe de choc, Amedeo Modigliani, et sa compagne Jeanne alors dans l’attente de son premier enfant, Chaim Soutine, Tsuguharu et Fernande Foujita, sa femme Hanka Zborowska et la mère de Jeanne Hébuterne, Eudoxie soucieuse de la santé de sa fille….. Ou ailleurs dans le village.
Ce ravissant endroit dominant la méditerranée permit aux trois artistes de s’aventurer ensemble, chevalet en main, pour découvrir et apprécier des motifs communs de peintures. Curieusement, Modigliani y peignit les uniques paysages de sa vie en France, sans doute décidé par Soutine et Foujita. Tous réalisèrent des portraits d’enfants, de villageois et villageoises. Des scènes colorées, tranquilles et loin de Montparnasse. L’idée de leur marchand qui sillonnait pendant ce temps les palaces de Cannes et de Nice, la Côte d’Azur, étaient de vendre leurs peintures aux collectionneurs fortunés réfugiés en bord de mer loin de Paris.
Ce ne fut pas aussi simple puisque l’équipe dut déménager à la cloche de bois n’ayant plus de quoi payer ses derniers loyers au propriétaire de la maison, dit le Père Curel, à qui ils proposaient généreusement des tableaux en échange des loyers, et les avait refusés. Il va sans dire qu’il le regretta rapidement amèrement !
L’un de ces tableaux retourne donc sur les lieux, et nous en sommes ravis. Un chat dont le pelage évoque évidemment le signe Zen du Yin et du Yang, perçu par le peintre japonais, lumineux à ses yeux dans l’ombre et la fraicheur provençale
Le tableau a été publié en 2007 dans le Volume 3 du Catalogue général Raisonné intitulé “Foujita inédits” par Sylvie Buisson. Coédition À l’encre rouge, Archives Artistiques et Fondation Nichido, page 92.

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