Très attirée par la sensibilité japonaise, Sylvie Buisson étudie d’abord l’Art japonais et la culture japonaise au cours de ses études d’Arts plastiques et Histoire de l’Art à Paris. Mais rien ne valait de séjourner au Japon, Tokyo, Kyoto bien sûr et dans toutes les provinces. Ce fut possible par le biais de stages d’apprentissage de son époux aikido-ka et kendo-ka, dès 1975. La découverte du Japon les confortait dans leur sentiment de voisinage de sensibilité avec ce pays. Ils se lancèrent d’abord dans la réalisation d’un ouvrage sur les temples et sanctuaires japonais : aucun livre en français n’existait à ce sujet. Ils publièrent des articles sur le Japon dans les revues françaises les illustrant de leurs photographies. Puis, ce fut peu à peu sur Foujita qu’ils finirent par se concentrer, vers 1980. Le Japon est donc une histoire d’amour qu’ils contractèrent spontanément aux Beaux-Arts et au cours de leur parcours universitaire et qui se confirma dans la réalité japonaises, ses arts, son artisanat et ses modes de vie, naturelle, traditionnelle et novatrice.
Foujita devint ensuite l’excuse rêvée pour alimenter cette passion, et le moteur d’une recherche infinie et chaque jour poursuivie.
À l’image de son pays natal, cet artiste unique sut allier toute sa vie les forces contraires, ou en tous cas les opposés, c’est-à-dire l’innovation et la tradition, de la même manière qu’il conjuguait l’Orient et l’Occident, les grandes joies et les terribles malheurs. Ils les exorcisa les uns et les autres et tout en les apprivoisant, il les transformait en oeuvres magiques.
Traditionnel ou moderne, le Japon demeure avant tout lui-même c’est-à-dire aussi vrai dans la tradition -et son vécu toujours perpétué aujourd’hui dans les règles de l’art – que dans la modernité la plus novatrice, extravagante, surprenante, le plus souvent n°1 de l’avant-garde mondiale. Et c’est bien ce qui passionne toujours Sylvie Buisson ; les Japonais appliquent un même soin à inventer et à performer des éléments modernes nouveaux (art, mode, technologie…) qu’à suivre les modes de vie et les habitudes ancestrales – dont ils ne souhaitent et ne peuvent absolument pas se passer. C’est un bel exemple qu’elle aimerait transposer en Europe et en France en particulier. Un modèle d’équilibre poussé à l’extrême – totalement assumé.
Voyager au Japon s’imposait à Sylvie Buisson non seulement comme une nécessité qui lui permit de rencontrer les membres de la famille Fujita, et ses amis, les derniers témoins de sa vie, et d’admirer ses oeuvres présentes dans différentes maisons, mais aussi comme un parcours initiatique, philosophique et humain.
En se remettant dans les pas de Foujita, en parcourant des milliers de kilomètres au Japon, du lieu-dit de sa naissance – aujourd’hui un grand garage non loin du fleuve – jusqu’à ceux souvent détruits de ses diverses habitations, l’artiste prit corps à ses yeux et son oeuvre avec lui des reliefs extrêmement tangibles. Se rendre là où Madeleine mourut au printemps 1936, au lieu dit de la maison de style mexicain dont il ne reste intacts que les piliers du portail – le reste brûla dans le bombardement de Tokyo en 1945 – fut un moment de grâce ; accompagnée par Nobuko Fujita, évoquant son souvenir émerveillé de Madeleine, l’expert prit conscience des difficultés d’être qu’avait surpassées Foujita pour ne pas sombrer dans le désespoir ou la folie… Et de sa grande force d’âme.
Piloter des expositions de ses oeuvres au Japon et publier le Catalogue Général raisonné de son Oeuvre provoquent de nouveaux voyages et de nouveaux séjours toujours aussi pleins.
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