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Voyages autour du monde et retour au Japon

Avec Madeleine : itinérance

1931-1933

Foujita et Madeleine au Mexique, 1933

  Foujita et Madeleine, Mexique, 1933

Le voyage en Amérique latine dure plus de deux ans, il est pavé de succès et de rencontres merveilleuses. Toutes les peintures réalisées à partir de Madeleine posant et de photographies d’indigènes sont achetées par les meilleures collections. Après une halte sur la côte Ouest des États-Unis, ils atteignent le Japon en novembre 1933 avec un joli pécule et s’installent à Tokyo où peu après Foujita fait bâtir une maison de style mexicain dans le jardin de sa sœur.

1934

La nouvelle galerie Nichido de Ginza s’engage à exposer annuellement pendant quatre ans le peintre dont tout Tokyo parle. Le salon Nika l’invite. Il réalise une grande peinture murale pour le café du Brésil de Ginza et répond à de nombreuses commandes de portraits mondains.

Foujita et Madeleine, Tokyo, 1934  

Madeleine et Foujita, 1934

1935

Le grand magasin Sogo à Osaka et le grand café Colomban de Tokyo lui confient la réalisation de deux peintures monumentales à la française. Foujita excelle dans ce style si exotique au Japon. Madeleine, qui est retournée quelque temps en France va avoir la mauvaise surprise d’y apprendre que, en son absence, Foujita fréquente à Tokyo une jeune et jolie japonaise.

1936

Dès son retour, leurs rapports se dégradent, ils voyagent en Chine, Foujita participe à l’exposition « Dix grands maîtres de la peinture occidentale » organisée par le magasin Shiseido de Ginza, réalise deux décors à Kyoto, l’un pour le grand magasin Marubutsu, l’autre pour l’Institut franco-japonais du Kansai tandis que Madeleine se produit et s’étourdit au théâtre Takarazuka. La jeune japonaise, Kimiyo Horiuchi, s’occupe de la maison, En juin, Madeleine meurt brutalement à Tokyo, elle n’a que trente ans, les stupéfiants et l’alcool ont eu raison d’elle.

Avec Kimiyo : le Japon surtout

1937

Afin de trouver un dérivatif à sa douleur, Foujita se lance à corps perdu dans le travail, il relève un défi lancé par le collectionneur Hirano Seikichi, de peindre le plus grand tableau du monde (3.65 X 20.50 m), le sujet en sont les Fêtes des quatre saisons d’Akita qu’il réalise en seulement 174 heures.

1938

Un séjour salutaire à Okinawa réintroduit la couleur dans les sujets, paysages et scènes paysannes de la vie de l’île, telle qu’il l’avait maniée en Amérique latine.

En septembre, Foujita épouse Kimiyo ; il a reçu l’ordre du ministère de la Marine de suivre les combats qui se déroulent en Chine en qualité de peintre attaché aux armées. Foujita réalise des croquis de batailles et plus tard l’huile sur toile intitulée L’Embrasement du nouvel aérodrome de Nanchang.

1939

Effrayé par le climat belliqueux du Japon, Foujita revient en France y rechercher la paix avec Kimiyo. Ils s’installent en mai à Montmartre,138 rue Ordener. L’été se passe en Dordogne, avec le peintre Inokuma Genichiro (1902-1993). Il renoue avec Marcelle Houry dite Oury (1894-1980), journaliste et grande amie de Raoul Dufy, et Jeanne Bernard, ancienne vendeuse de la galerie Chéron, qui l’aide à se réimplanter en lui commandant des œuvres. Il fréquente principalement les Japonais de Paris dont le peintre Oguiss Takanori (1901-1986) et sa femme.

Foujita à Paris, rue Ordener, 1939

  Foujita, rue Ordener, Paris, 1939

1940

Les Allemands aux portes de Paris, Foujita et Kimiyo embarquent sur un paquebot qui part de Bordeaux le 23 mai avec tous leurs amis japonais. Le code de l’honneur et son père le rappellent à Tokyo, où il est nommé chef des peintres officiels de l’Armée de terre de la Grande Guerre d’Asie.

Peinture de guerre au Japon

1941

Le général Foujita meurt en mai. En juillet, Foujita devient membre de l’Académie impériale des beaux-arts Teikoku Geijutsu. En octobre, nommé par l’Académie et l’Association pour la promotion de la culture internationale, il est envoyé en Indochine française en qualité d’attaché culturel. Il est chargé d’organiser une exposition à Hanoi (Vietnam), puis en décembre à Phnom-Penh (Cambodge).

Foujita dans son atelier de Kojimachi, Tokyo, 1941

  Foujita dans son atelier de Kojimachi, Tokyo, 1941

1942

En mai, la Marine l’envoie sur le front du Pacifique Sud comme officier et chef du groupe de peintres officiels. Il participe à de nombreuses expositions consacrées à la guerre et à l’armée japonaise et publie un essai intitulé Nager sur la terre.

1943

En janvier, il reçoit le prix de la culture du journal Asahi shimbun.

1944

À la fin de l’année, il quitte Tokyo et s’installe avec Kimiyo et quelques amis peintres dans le petit village de Hobuchi-Mura dans les montagnes de Kanagawa.

1945

Le 13 avril, sa maison et son atelier sont détruits dans le bombardement de Tokyo.

1946

En février, Foujita et Kimiyo sont rejoints par les troupes d’occupation américaines qui les ramènent avec leurs amis dans la capitale dévastée. La « Section des Beaux-arts et des artistes » dirigée par Frank Sherman sous les ordres du général Mac Arthur va être d’un grand secours pour Foujita. Visé par un règlement de comptes émanant de ses anciens collègues peintres des armées, il est soutenu par un journaliste français Georges Grosjean et Frank Sherman qui ont tous deux connu Foujita à Montparnasse et sont persuadés de son innocence. Foujita souhaite quitter définitivement le Japon. Ses amis vont œuvrer pour lui obtenir un visa de sortie. Ce sera long et pénible pour lui et surtout sa femme, jeune et fragilisée par les événements.

1947

En mai, Foujita présente Mon rêve à l’exposition d’art contemporain de Tokyo. A l’automne, il envoie des œuvres à New York où lui sont consacrées deux expositions personnelles dans les galerie Kennedy et Manhattan. Ces expositions reçoivent une critique favorable. Il est également membre du jury du Salon académique Nichiten et dessine des couvertures pour la revue Josei et Fujin Koron.

1948

En octobre, il participe avec Mon atelier (1936) à « l’Exposition totale d’art moderne du Japon ». En novembre, la galerie Shiseido à Ginza lui consacre une exposition.

Foujita côtoie l’entourage du général Mac Arthur et se réfugie le plus souvent au QG américain. L’attente est longue, il a perdu le goût de la peinture.