1886
Une enfance traditionnelle au Japon marquée par la mort de sa mère
Tsuguharu Foujita naît le 27 Novembre 1886 à Tokyo, sous le règne de l’empereur Meiji.
Doublement issu de l’aristocratie par son père Tsuguakira et par sa mère Masa, l’enfant est élevé dans le respect des traditions japonaises au sein d’une famille particulièrement ouverte aux idées occidentales. Tsuguakira, médecin et général de l’armée de terre et son épouse élèvent leurs trois enfants, deux filles, Yasu et Kiku et un garçon, Tsuguo dans le respect des traditions, de la nature et aussi de l’innovation, ce à quoi le dernier des quatre enfants, Tsuguharu, s’avèrera être le plus réceptif.
1891
Masa meurt un soir d’été dans l’île de Kyūshū, à Kumamoto, ville de garnison, où la famille réside depuis 3 ans. Le drame pousse Tsuguharu à s’inventer un monde meilleur, à sa convenance. Il trace dans un petit carnet les images de ses rêves d’évasion. Il invente et se réfugie dans un ailleurs qu’il ne situe pas encore. Il poursuit le cycle élémentaire à Kumamoto, trace avec précision des bateaux et des combats militaires et s’évade par le dessin.
Une adolescence illuminée par le dessin et Paris
1900
De retour à Tokyo, il est inscrit au collège de l’École normale supérieure et informe son père de sa décision de devenir peintre. Il reçoit en retour l’argent nécessaire à l’achat d’un premier matériel. Sa peinture est choisie pour figurer à l’Exposition universelle de Paris.
Il visite une exposition d’art occidental à Tokyo et tombe en extase devant un Claude Monet : il rêve de connaître la France.
Un jour de beau soleil on exposait tous les livres sur les nattes de paille mon frère lisait étendu. Moi, j’étais fou de joie avec leurs gravures.
1903
Il se fait inscrire aux cours de langue française que dispense en soirée l’École de l’Étoile du Matin à Tokyo. En réalité, il se met en condition pour réaliser son rêve.
1905
Son diplôme de fin d’études du lycée en poche, il prépare le concours d’entrée à l’École des Beaux-arts de Tokyo dans l’atelier du peintre Honda Kinkishirō (1850-1921), opte pour la section dirigée par Kuroda Seiki (1866-1924) pionnier de la peinture de style occidental, yōga, après avoir étudié les fondamentaux de la peinture traditionnelle japonaise.
1906
Il voyage en Chine et en Mandchourie. Il étudie dans une classe de surdoués aux Beaux-Arts.
1910
Il est reçu au diplôme de fin d’études, section peinture à l’huile Yô Ga, avec une mention passable. Fortement déçu, il ne pense qu’à partir en France mais son père l’oblige à persévérer au Japon et à se créer des liens solides au sein des milieux officiels.
Il expose au 13ème Salon du Cheval Blanc, mais se voit refusé par trois fois l’entrée au Salon officiel Bunten. Le jeune peintre, jugé trop marginal, en prend ombrage.
Une première carrière occidentaliste au japon
1911
Il assiste son professeur Wada Eisaku (1874-1959) dans la réalisation du décor mural du Théâtre impérial de Tokyo (détruit lors du tremblement de terre de 1923) et réalise le portrait de l’empereur de Corée en exil. Sa carrière démarre classiquement mais il s’impatiente car son vœu le plus cher est toujours de se rendre à Paris. il rencontre Tomi Tokita, une jeune femme qu’il décide d’épouser et contracte des fiançailles officielles avec elle.
1912
Jeune étudiante en art textile et institutrice du même âge, il partage une grande complicité et bientôt une maison dans la presqu’ile de Chiba où ses parents résident. Là, une petite communauté d’artistes se forme autour d’elle et Fujita avec qui ils mènent une vie de bohème très originale, voir un peu scandaleuse pour le Japon provincial traditionnel.
Tomiko et Foujita •
1913
Foujita obtient enfin l’autorisation de quitter le Japon pour un voyage d’étude de trois ans, il s’embarque le 18 juin et arrive à Paris le 6 août.